Je voulais mettre en valeur le côté loufoque, décalé et généreux de cet auteur intelligent et populaire. J’ai ainsi tenu, par la mise dans l’espace, à intégrer, petit à petit, le public jusqu’à la grande scène du procès où il sera comme un jury. Il fallait que le spectateur entre dans cet univers cynique et monstrueux de façon ludique afin que toute cette noirceur humaine se transforme en rires et que le message de fond passe. Rire en dénonçant cette cour de récréation de sales gosses égoïstes et narcissiques !
Le tout, sur un ton brillant, afin de provoquer une dynamique mettant en avant la rapidité intellectuelle des personnages. Un mélange d’enfants pas sages avec des corps, des voix et une intelligence féroce d’adultes. Je voulais que chaque comédien campe son personnage selon l’attitude physique de son animal, imperturbable, virevoltant, féroce, rusé, ou encore piaillant, pour nous faire ressentir ces besoins primitifs de possession, de territoire.
Partir de l’animal pour aller vers l’homme et sa capacité à recourir à toutes les bassesses, par cupidité, par avarice, par soif de pouvoir… Des personnages prêts à jouer leur âme, leur fortune, leur femme même pour gagner !
Avec Paul Montag, nous avons travaillé conjointement sur les arrangements musicaux car je tenais à des effets précis selon les scènes, et toujours dans cette idée d’une musique drôle et grinçante à la fois, comme un jeu de massacre avec le sourire. Elle est déclinée avec une rythmique particulière, différents instruments, comme une rengaine obsédante, à la fois légère, romantique, obsédante et sadique à souhait.
Le spectateur pourra parfois être horrifié, outré de la situation. Mais ce qui le déstabilisera sera l’indulgence qu’il ressentira au fond de lui, incapable de condamner, riant de l’horreur. Il n’aura en partant qu’un seul choix, pardonner à l’homme d’être simplement un homme… et l’aimer pour ça.
Carine Montag